Les attentes étaient fort élevées quant au quatrième volet de la série autobiographique du réalisateur québécois. En même temps, autant on ne change pas une formule gagnante, autant on fera tout pour ne pas la brûler. Trogi a marché sur ce mince fil pendant 120 minutes. Il a tout fait sauf tomber.
Le réalisateur raconte ses débuts, entré par la grande porte Radio-Canadienne avec l’émission La Course. Le climat historique des années 90 est parfaitement rendu, que ce soit la mode, les valeurs ou le pastiche de l’animateur Pierre Therrien particulièrement réussi.
Le film démarre sur les chapeaux de roues où une péripétie n’attend pas l’autre. On est certain d’avoir affaire à une comédie effrénée mais le réalisateur nous sortira de notre zone de confort tout au long de la projection, nous transportant en Égypte, lieu principal de l’intrigue. La comédie fait place à des moments dramatiques, voire très touchants. On voit à quel point le jeune participant est à la merci de son inspiration, de ses contacts, de la bureaucratie ou de son équipement.
Malgré le récit rocambolesque, on y croit. Jean-Carl Boucher est de l’or pour Trogi, menant le bal comme dans les épisodes précédents avec aplomb et innocence. Cet anti-héros, aussi sincère que maladroit, est humain dans un film parfaitement imparfait, inégal, non en qualité mais dans nos attentes stéréotypées de comment doit se dérouler un film. Encore une fois, Trogi nous brasse, nous fait réfléchir. décidant de ne pas tomber dans la facilité d’une autre comédie, d’un autre théâtre d’été si vite oublié.
Évidemment qu’on ne pouvait s’éparpiller partout sur la planète. Le film aurait coûté de nombreux millions. Par contre, quand on a compris que c’est au Caire qu’on se pose, qu’on va se concentrer sur un reportage du jeune Trogi, on reprend le fil aussitôt.
Dans 1991, il y avait cet exotisme de tourner à l’international que le réalisateur a poussé encore plus loin avec 1995. Il y a quelque chose de grisant, une fierté de voir une caméra québécoise regarder le Sahara.
1995, c’est un ultime film de La Course mais 30 ans plus tard pour Trogi. L’émerveillement, la naïveté et la sincérité sont intacts.
À voir.