Gabriel Nadeau-Dubois m’a toujours tapé sur les nerfs. Je le trouvais arrogant et inflexible. Ayant été moi-même dans le mouvement étudiant dans ma jeunesse (1986-1990), je l’associais beaucoup à l’ANEQ (association étudiante de gauche) de l’époque : des petits communistes intimidants dont les positions se trouvaient toujours dans l’impasse quand venait le temps de les arrimer à la réalité. Évidemment qu’avec le temps, on réalise que la gauche, qui ne prendra jamais le pouvoir, est essentielle dans le paysage social. C’est une partie de la conscience de la société.
J’ai sursauté ce matin quand un ami a posté sur les réseaux sociaux que Nadeau-Dubois était un gars qui n’avait jamais eu de vraie job et le voilà qu’il a une pension à vie à 34 ans. Faut être un véritable imbécile ou être vraiment mal informé pour croire qu’un politicien ne travaille pas.
Il n’y a pas de travail plus exigeant. Et en échange de celui-ci, on essuie un nombre incalculable de critiques, de menaces. On est toujours pris hors-contexte, on travaille jusque tard dans la nuit et on part la machine très tôt le matin. On ne s’appartient pas.
La politique, ça use.
Nadeau-Dubois était ambitieux. Il a compris qu’il ne pouvait s’épanouir dans un parti qui manquait de drive et de volonté de compromis pour prendre le pouvoir. Il a eu nombre de contentieux à l’interne et avait l’impression de faire du sur place. Il a son style et sa personnalité.
Il a probablement réalisé qu’il y avait une vie à part de la politique. Les enfants sont souvent le déclic. On est loin de certains ivrognes avec des maîtresses à Québec et dans le comté, mangeant de la politique matin, midi et soir. Ils ont peut-être des statues ou des rues portant leur nom mais le reste était pas mal dysfonctionnel.
Gabriel s’est réveillé. 34 ans, c’est un bel âge.
On peut mesurer la véritable profondeur du respect qu’on a pour quelqu’un quand sa face ne nous revient pas. J’aurai toujours un respect sans limite pour Nadeau-Dubois, pour cette quinzaine d’années qui l’ont fait fait vieillir bien avant l’âge et continuer de militer bien après que son égo ait été rassasié.
Quelqu’un qui ne réalise pas ça, on ne le verra jamais se présenter en politique… heureusement!
Bonne continuité M. Nadeau-Dubois et merci.