Dans deux jours, les USA imposeront des droits de douane de 25% sur toutes les exportations canadiennes, mettant en péril des pans complets de notre économie. Face à un gouvernement américain qui privilégie les menaces et l’extorsion aux dépens de la négociation, le Canada et sa petite économie n’a plus de cartes dans son jeu… ou presque.

Va-t-on plier et accepter de se faire taxer encore et encore selon les humeurs de Trump ou va-t-on se lever debout, se retrousser les manches et trouver des alternatives? Il n’en tient qu’à notre gouvernement.

Les USA étaient un partenaire naturel, tant par sa proximité géographique que nos valeurs communes. Ça allait de soit qu’on fasse un bon et prospère voisinage. C’est maintenant chose du passé avec l’arrivée d’un gouvernement Trump qui, après seulement quarante jours, ne partage plus grand chose avec nous. Qu’on pense à l’avortement, l’inclusion, le traitement des réfugiés, le respect des employés de l’État ou les relations étrangères, un immense fossé se creuse entre les presque siamois que nous étions.

Tant qu’à transiger avec un régime moralement difficile qui contrôle ses milliardaires et leurs médias et qui va même jusqu’à flirter avec la Russie de Vladimir Poutine, pourquoi ne pas renouer avec la Chine? L’ingérence qu’on leur reprochait était bien réelle mais c’était beaucoup plus pour essayer d’éviter un balayage conservateur, parti hostile à Pékin. Paradoxalement, la Chine a besoin de Hong Kong mais aussi des valeurs traditionnellement ouvrières, voire communistes. Elle a besoin du parti Libéral en employant des méthodes anti-démocratiques. C’est fou mais c’est ce qu’on appelle le non-élégant équilibre des relations internationales.

J’ai beaucoup moins peur de la Chine que des USA en ce moment. Et qu’est-ce que je fais de Taïwan? Les ambitions territoriales des régimes durs sont légion, que ce soient les territoires annexés en Ukraine par Poutine, Gaza et la Cisjordanie pour Netanyahu ou le Groenland, le canal de Panama ou les terres rares d’Ukraine pour Trump. Tout est une question d’influence et de rapport de force.

Renouer avec la Chine, transiger directement avec le Mexique en plus de renforcer la relation existante avec l’Europe est la seule avenue intéressante à moyen terme pour le Canada. Les USA ne sont plus un partenaire fiable et loyal.

La Chine a une opportunité en or de faire amende honorable pour ses frasques au Canada, de repartir sur de bonnes bases et créer de meilleures relations commerciales avec nous. Donald Trump ne nous donne pas le choix. Quand un pays qui a pour salaire minimum officiel 7,25$ de l’heure, qui n’a pas les moyens de soigner sa population et qui, pour relever l’économie, est obligé de congédier des milliers de personnes en plus de taxer comme la mafia ses pays amis, on ne parle plus d’un partenaire d’envergure. Les USA se rapprochent même de la Russie afin de diluer la relation que cette dernière entretient avec la Chine, c’est signe que ça ne va pas très bien.

La Chine, c’est le Joker dans le jeu de cartes du Canada. Avant qu’on se retrouve sur la paille ou carrément annexés, il est plus que temps de le jouer.

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