Les valeurs ont changé. Tout a changé. En 35 ans comme travailleur autonome et consultant, je peux affirmer que les pires personnes que j’ai connues, les pires humains étaient des gens très très riches. Tout se calculait… absolument tout. Ces gens donnaient quand c’était rentable pour leur image, point. Tout se transigeait. Même leur vie amoureuse n’échappait pas à un étrange marchandage avec eux-mêmes, où ils étaient, la plupart du temps, de pauvres victimes de qui l’on abusait.
Au début des années 2000, j’avais un de ces millionnaires comme client. Il m’appelle, un jour de juillet. Il m’appelait toujours « Moisan ». Je n’avais pas de prénom.
–Moisan, ça a l’air que tu vas prendre des vacances cet été? Est-ce que c’est vrai?
–Ben… oui, c’est effectivement le cas.
–Et nous dans tout ça?, me dit, désespéré, le pauvre narcissique.
J’avais prévu le coup, délégué et pré-produit des trucs mais qu’à cela ne tienne, je n’avais pas le droit de m’en aller 5 jours. Lui, partait quand il voulait. Mais pour qu’il parte, il fallait que je reste. Il était mon client et le client a toujours raison.
J’ai finalement perdu cette vache à lait après qu’un des directeurs marketing de l’entreprise m’ait reproché de ne pas les inviter au restaurant. Je n’avais pas bronché, lui disant que toute firme qui fait ça refile la facture au client dans ses honoraires de toute façon. Ce fut ma dernière conversation avec un représentant de ce « fleuron » du bas du fleuve.
C’est ce genre de monde qui gère la planète actuellement. Tout se monnaye.
Qu’on pense au projet immobilier de Trump pour Gaza ou de la belle cage à homard dans laquelle l’Ukraine se retrouve aujourd’hui. Tout ça pour ça. Pour quoi au juste? Le cash. Juste le cash.
Outre sa belle vue en bord de mer, Gaza dispose de grandes quantités de gas naturel et de pétrole dans ses eaux territoriales soit, selon certains, 60% de la ressource évaluée à 524 milliards $. Alors imaginez le deal et l’attrait d’annexer ce territoire pour qui que ce soit qui en a les moyens financiers ou militaires.
Le cas de l’Ukraine est encore plus pathétique. On parle de trillions $ de métaux rares et autres ressources. Évidemment, avec un gouvernement pro-Europe/occident, la Russie voit ses objectifs financiers comme de sécurité menacés. Du côté de l’Europe et des USA, on ne veut pas laisser le morceau. Au fil du temps, la Russie envahira la moitié des terres rentables, l’Ukraine aura le reste, moins un fort montant aux USA pour avoir aidé le pays à défendre sa souveraineté. Les USA sont même prêts à envoyer l’armée… pour protéger les gisements, pas les gens. Et là, l’Europe panique et ne veut pas être mise de côté. Après tout, elle a payé elle aussi. Que restera-t-il de ce bras de fer financier en Ukraine? Des familles décimées par une guerre terrible et un niveau de vie qui ne sera pas bonifié.
La recette est vieille comme le monde. Parlez-en aux pays d’Afrique qui tantôt tombent sous le joug colonial des USA, de l’Angleterre, de la Russie, de la Chine. On aide à instaurer des dictatures pour ensuite s’assurer de pouvoir siphonner les ressources au plus bas prix possible.
Les milliardaires dansent sur les cadavres, conséquence des répressions, des annexions, des invasions, des morts appelés terroristes, rebelles, radicaux. Et quand l’occident finance un coup d’État, les mêmes gens armés sont appelés armée de libération, pro-démocrates. Leurs crimes sont pourtant les mêmes.
Vous n’êtes pas d’accord?
Si ce n’était pas le cas, Gaza serait une Riviera prospère avec son tourisme et ses exportations, un pays administré par les Palestiniens qui ne verraient aucune raison de faire la guerre à qui que ce soit car tout le monde serait libre et mangerait à sa faim.
Je suis le premier à me réjouir que l’État d’Israël soit en train de devenir un pays exportateur de pétrole et de gas, ne dépendant plus de l’énergie fossile venant de pays qui lui sont plus ou moins sympathiques. Je ne peux qu’applaudir cette émancipation.
Tout le monde devrait avoir ce droit? Non?
Au lieu de créer des nations solides avec de bonnes économies et un bon niveau de vie, le tiers monde vend ses terres à rabais à une poignée de milliardaires, peu préoccupés de savoir si le mineur souffre de problèmes pulmonaires ou s’il pourra un jour prononcer le mot vacances autrement qu’allongé entre quatre planches. La richesse des uns dépend essentiellement de pauvreté des autres.
Évidemment, les insoumis quittent ces pays pour vivre le rêve américain ou européen, engorgeant les douanes et les grandes villes. On se plaint de leur présence.
Si on ne veut pas qu’ils entrent ici, il serait peut-être temps qu’on sorte de leurs pays, qu’on les laisse grandir et se développer avec leur richesse qu’on ne fait que s’approprier sauvagement.
J’entends déjà l’écho larmoyant des milliardaires résonner… « Et nous dans tout ça? »