Jeremy Filosa, l’homme qui ne croit pas au fait que nous sommes allés sur la lune, vient de polariser le Québec en ce mois d’octobre coloré. Je regarde à ma fenêtre et j’aperçois les différentes teintes. Ce sont tous des érables de même taille, pourtant. Chacun a sa particularité. Les humains sont comme ça.
Ça ne veut pas dire que s’exprimer, c’est reluire. Guy A. Lepage vient de traiter Filosa d’ « idiot du jour » sur les réseaux sociaux. C’est un lynchage pur et simple. La carrière de Filosa est finie sur les antennes majeures. Au lieu d’être ramené dans le monde de la réalité et des faits, il risque de trouver un soutien dans des médias marginaux, de persister et de signer pour assurer sa survie médiatique. Rendu là, aura-t-il le choix?
Quelqu’un de peu informé peut très bien remettre en question des choses qui demandent un raisonnement au-delà de la moyenne. Le fait qu’une majorité de gens croient qu’on a marché sur la lune ne prouve pas grand chose sur la réelle compréhension des gens par rapport à cet événement. Ils l’ont vu à la télé et la société leur a dit que c’était arrivé, point. Nommez-moi 10 atronautes. Vous n’y arriverez pas. On est bien plus crédules qu’analytiques.
Je suis convaincu que l’homme a mis le pied sur la lune. J’ai validé cette opinion plus tard, à l’âge adulte. J’ai travaillé en pub, dans les médias et en politique. Je vérifie toujours tout car la quantité de bullshit à laquelle nous sommes exposés est effarante.
On le voit actuellement aux USA. Je lis les titres de Fox News et je n’arrive pas à comprendre que des gens croient ce qui s’y dit. Et pourtant, il y en a beaucoup. On a atteint une polarisation presque totale de l’opinion publique.
Les médias sont les principaux artisans de cette situation. On raconte des histoires au lieu de dire les faits. On cherche la controverse au lieu de s’en tenir à ce qui s’est passé. C’est la seule façon d’attirer les gens vers les bulletins de nouvelles. J’ai longtemps collaboré à des médias radiophoniques comme chroniqueur marketing. Si, à une question posée par la recherchiste, je répondais : « Évidemment » ou « Je suis en total désaccord », je passais en ondes avec tous les égards. Si au contraire, je répondais « Ça dépend » ou « C’est plus compliqué que ça », dans 100% des cas, on me rappelait 5 minutes avant de passer en ondes pour me dire qu’on n’aurait pas assez de temps et d’oublier ça.
Avant l’arrivée des réseaux sociaux, seuls les médias traditionnels avaient le privilège de gérer cette merde chérie, tributaire de leurs cotes d’écoute. Aujourd’hui, les gens ne font qu’appliquer le système d’une bullshit démocratisée et polarisée sur Facebook, Instagram et X.
Ça donne des nonos qui croient n’importe quoi et qui disent n’importe quoi.
Sont-ils vraiment à blâmer?
Et en perte de vitesse plus que jamais, les médias en ajoutent une couche en accumulant les chroniqueurs incendiaires qui ont chacun leur vérité.
Filosa ne méritait pas de perdre son micro. Il méritait de se faire traiter poliment d’ignorant en ondes et de se faire donner la preuve qu’il a tout faux concernant la NASA. C’est ça, la pédagogie. C’est ça, éduquer l’auditeur. C’est ça, gagner la confiance des gens en leur expliquant les choses au lieu de leur que c’est ça et que c’est tout.
Mais il semble y avoir un certain dogme qui va bien au-delà des propos complotistes au 98,5. Du moins, quand on regarde MC Gilles, Pierre-Yves McSween, Filosa et même Caroline Paquet, présidente de Cogeco Média dont les têtes ont roulé au cours des derniers mois, on se demande ce qui s’y passe, qui mène la barque et surtout, sur quelles valeurs celle-ci navigue-t-elle?
On nous dira que tout va bien, en nous gerbant une poutine de relations publiques à laquelle on aura de la difficulté à croire.
Au bout du compte, marcher sur la lune a l’air pas mal plus simple.