2013, je sors d’une salle de cinéma où je viens de voir un biopic de Steve Jobs, grand patron d’Apple. La personne à côté de moi me dit : mais quel grand homme! Je lui rétorque qu’outre ses prouesses technologiques, c’était un humain ordinaire qui pouvait, en toute impulsivité, foutre un employé dehors parce qu’il ne lui aimait pas la face sur le moment, sans même que celui-ci n’ait fait quoi que ce soit. On me répond que ce ne sont que des détails, que sa contribution a fait grandir le monde bien plus qu’elle ne l’a diminué.

Really? L’humain est maintenant accro à de la dopamine, enchainant des clips insignifiants à la douzaine, s’isolant dans son monde fait sur mesure pour son égo, un monde où les enfants passent maintenant plus de temps avec leur tablette qu’avec leurs parents. Tout cela pour être disponibles à des messages publicitaires payés par des gens qu’on a convaincus que vous passiez tout votre temps devant cet écran.

J’ai côtoyé plusieurs clients millionnaires dans ma carrière. Ils ont tous fait de grandes choses mais étaient tous extrêmement particuliers, d’apathiques à narcissiques à colériques à carrément paranoïaques. Beaucoup avaient de grandes rigidités et étaient parfois durs à suivre. Un de mes plus gros clients du bas du fleuve m’avait même téléphoné, en colère, me disant : on me dit que tu as l’intention de prendre une semaine de vacances cet été… est-ce vrai? Et nous dans tout ça ? Le cerveau de ces gens est fait comme ça. Un peu comme lorsqu’on se plaint du manque de chaleur venant d’un éminent spécialiste. Ce n’est ni un sociologue ni un psychologue. Il est là pour sauver la vie des gens à la chaîne. Pour ça, ces surdoués ont toute mon admiration mais ça s’arrête là.

Le problème, c’est quand ils se mettent à jouer à l’humain. Ils vont lancer un livre écrit par quelqu’un d’autre, faire des conférences sur les gagnants, réussissant à convaincre les gens qu’il est possible de réaliser ses rêves et que seul notre manque de volonté est l’obstacle à nos succès. Ils sont nombreux à acheter un ticket pour entendre ces foutaises. Les gens qui réussissent BIG sont des exceptions. Y’a juste un Wayne Gretzky, un Paul Mc Cartney. C’est du one in a million.

Le taré du moment est Elon Musk. Ce génie de la technologie a décidé de jouer au politicien, de jouer à l’humain. Il a acheté Twitter qu’il a transformé en X, plateforme se voulant pro liberté d’expression mais qui en fait, étend sa définition jusqu’à l’intimidation et le mensonge. Depuis que Kellyann Conway, adjointe de Donald Trump a dit à un reporter de CNN qu’il n’y avait pas qu’une seule réalité dans la vie, tout s’est mis à déraper. Elon, dont la plateforme a des règles mais qui ne s’appliquent pas à lui, a posté ou relayé plus de 50 fausses nouvelles relatives à la Covid. C’est comme un curé qui cache un sombre agenda sous sa soutane. Son aura de succès fait avaler le Kool Aid à n’importe quel morron. Et au bas de l’échelle, il y a en a des millions.

C’est cette vague de sentimentaux et peu éduqués que les puissants de ce monde s’arrachent pour faire monter leurs actions ou manipuler des élections. Ils se sentent valorisés par ces manipulateurs qui les appellent par leur prénom sur les réseaux sociaux ou dans leur Newsletter.

Donald Trump avance une quantité faramineuse d’inexactitudes, diffuse des chansons dans ses rallyes, sans avoir la permission des artistes concernés, traite sa rivale du même parti de cervelle d’oiseau. Est-ce vraiment ça la liberté d’expression? Pour un milliardaire, oui. Il a le droit car il a réussi.

Parce que ça a inventé des fusées qui se posent toutes seules, ça croit que sa vision des humains est aussi fiable. Il n’en est rien. Musk, Sorros, Trump, Gates devraient laisser le sort de l’humanité à des gens qui ne savent pas compter mais plutôt aimer.

Oui, c’est ce que j’avais répondu à la personne à propos de Steve Jobs. « Y’a plus important que l’argent dans la vie. Il y a l’amour! ».

Elle était partie à rire, un rire de mépris et de sympathie à l’égard de quelqu’un qui n’a pas encore compris comment fonctionne le monde.

11 ans plus tard, je n’ai toujours pas compris et ça me rend profondément heureux !

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