1994. Je suis engagé par une politicienne de la région de Québec qui a décidé de se présenter à la mairie de sa municipalité. Elle est brillante et réservée. Son adversaire, un homme, la malmène et l’insulte tout au long de la campagne. J’avertis ma candidate que même si le type dit des mensonges, les gens vont finir par le croire si elle ne répond pas. Elle rétorque qu’elle est au-dessus de tout cela et qu’elle ne répondra jamais aux attaques. Je lui dit qu’elle va perdre. Elle me dit, outrée, que la vérité et la justice l’emportent toujours!

Elle a perdu.

Le discours électoral aux USA vole très bas, un standard établi par Donald Trump en 2016. On est méchant. Pas grave, on est transparent. Si au moins, c’était le cas. C’était frappant de voir Hilary Clinton se faire jabber lors des débats présidentiels. L’ex-première dame des États-Unis avait décidé de faire comme ma candidate, de se tenir au-dessus de tout ça. Le soir de l’élection, elle n’a que contemplé le plafond de verre du Jacob-Javitz Center de New York sans jamais pouvoir le briser.

Elle a perdu.

Voilà qu’en 2024, les choses ont changé pour les démocrates. On ne tend plus l’autre joue. On frappe à notre tour. Et on frappe fort. On fait moins de diffamation que le blond fou mais on est limite, parfois. C’est un nivellement vers le bas pour la classe politique et pour toute la société.

On a abandonné les bonnes manières comme on a arrêté de jouer la puck au hockey. On frappe fort et on regarde ce qui arrive. En Russie, c’est drôle car on a un système hybride. Poutine reste calme et confie les outrages à Lavrov et Medvedev qui a récemment traité un politicien de « son of a bitch ».

On ne s’excuse même plus. On persiste et signe. Comme des bêtes, on hérisse le dos, on grogne, on jappe et on mord s’il le faut. Comment le public réagit-il à cela? Il se radicalise, devient comme ses modèles et un crack pot ici et là, va se faire justice en tirant dans le tas avec une arme d’assaut acquise en toute légalité.

On en est rendus au point où notre coeur souhaite une victoire démocrate mais notre raison souhaite acheter la paix avec un dernier mandat de Trump (après, on aura la paix), dont une défaite serrée mettrait la table à une peut-être guerre civile. Mais si le magnat, une fois élu, décidait de changer la constitution pour ne plus limiter le nombre de mandats d’un président? On serait cuits…

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