2017, je suis en discussion avec quelqu’un de droite, quelqu’un qui change de trottoir lorsqu’il aperçoit un Arabe avec un sac à dos. Je critique le choix de Donald Trump d’interdire l’entrée aux citoyens de nombreux pays du Moyen-Orient. Je mentionne que ce geste islamophobe aura de graves conséquences dans la perception populaire face à la population visée. Je dis qu’un jour, quelqu’un se sentira légitimé d’aller vider le chargeur de son arme automatique sur des membres de la communauté musulmane. On rit de moi, me traitant d’alarmiste. Pendant la discussion, on entend de nombreux véhicules d’urgence passer devant la maison. Quelques heures plus tard, on apprend la terrible nouvelle: un attentat islamophobe qui a fait six morts et dix-neuf blessés.
Sept ans plus tard, ce sont les membres de la communauté LGBT+ qui sont visés par de nombreuses critiques de la part d’une droite puritaine qui a beaucoup moins de problème à voir quelqu’un se faire abattre à bout portant que de voir deux hommes s’embrasser. Les radios et les médias de droite ont dénoncé avec véhémence le contenu de la cérémonie des Jeux de Paris qui selon eux, faisait trop de place à ladite communauté. Le message martelé quotidiennement frisait la haine quand il ne l’embrassait pas totalement.
Le résultat: Thomas Jolly, le metteur en scène a reçu des menaces de mort, entre autres. Voilà maintenant que des hommes au Québec tendent des pièges à des homosexuels via l’application Grindr, plateforme de rencontres pour les gens de la communauté LGBT+. Une fois la victime arrivée au lieu de rendez-vous, elle est accueillie par trois-quatre lâches qui la tabassent allègrement. C’est arrivé deux fois depuis 24h.
La droite va parler de cas isolés et fortuits, qu’elle n’a aucune responsabilité dans la radicalisation d’imbéciles qui n’ont besoin que de se faire dire qu’il y a un problème pour décider de prendre les armes et de se transformer en justicier de Dieu. Tout le monde s’en lave les mains. C’est le retour de la terreur à petit feu.
Pourtant, une semaine après l’ouverture des Jeux, j’ai dit la même chose : Si les médias de droite continuent avec cette rhétorique de LGBT+ phobie, des gays, des trans vont se faire casser la gueule ici et là.
On est rendus là.
Oui, parfois, ça peut être déroutant de devoir changer le portrait de la société. On le vit avec l’immigration et la diversité élargie. Le prix de l’harmonie n’est pourtant pas très élevé : accueil, amour et tolérance. Est-ce donc si difficile à réaliser?
Photo: Catherine Fontaine